dimanche 30 juin 2013

Lettre au président d'une automobiliste excédée

Le texte qui suit n'est pas de moi, mais d'une proche qui n'en peut plus et souhaite partager sa colère. La portée sera peut-être symbolique, mais elle est exprimée et s'ajoute au flot montant de ceux qui n'en peuvent plus de l'absurdité totale du monde qui se dessine.


A M. François HOLLANDE
Président de la République
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75000 PARIS

Le 26 juillet 2013


Monsieur le Président,

Je fais partie des millions de Français qui ont espéré une modification profonde concernant la société telle qu’elle devenait sous l’égide de votre prédécesseur (honni). Mais rien ne change. Nous, citoyens ordinaires, honnêtes, anonymes, continuons d’être infantilisés, méprisés, exploités, volés, accusés à tout propos sans aucun moyen de se justifier, sans plus jamais avoir affaire à des humains, mais uniquement à des machines, des robots, des répondeurs automatiques, des systèmes informatiques, sans plus aucune chance de nous faire entendre, d’obtenir justice.
(Ne serait-il pas beaucoup plus logique, et finalement bien plus rentable, d’employer de nouveau des êtres humains à la place de machines ?)
Nous payons nos impôts, nos taxes, nos charges, nos contributions, nous supportons les augmentations continuelles du « coût de la vie » ; beaucoup de ceux de ma génération, les baby-boomers si décriés, s’occupent à la fois de leurs parents âgés, de leurs enfants plus ou moins au chômage, de leurs petits-enfants – et il en faut, des petits-enfants, n’est-ce pas ? Nous faisons des économies sur tout, l’électricité, l’eau, le gaz, l’essence, les loisirs, la nourriture. Nous essayons de ne rien gâcher. Et nous ne nous plaignons pas. Nous nous disons toujours qu’il y a des gens en situation bien pire que la nôtre ; nous avons un toit, une retraite, aussi modeste soit-elle. Nous avons une famille.
Mais parmi les systèmes répressifs qui deviennent de plus en plus insupportables : les radars automatiques.

Trouvez-vous NORMAL (vous qui êtes un Président « normal ») que sous des prétextes de sécurité plus fallacieux les uns que les autres, nous nous retrouvions otages impuissants d’un système devenu fou dès que nous sommes obligés de prendre notre voiture ?
Le 19 juillet à 6.25 heures du matin, je rentrais de Cagnes sur Mer, où j’étais allée la veille voir ma mère âgée de 85 ans qui sortait de l’hôpital. Je m’étais levée à 3 heures, pour être chez moi, à Avignon, à 7 heures afin de garder trois de mes petits-enfants pendant que leurs parents occupaient leur poste en CDD pour l’été.

Trouvez-vous NORMAL, logique, sensé, dans une République démocratique telle que la nôtre, pour un individu ordinaire tel que moi, qui ai bien veillé à ne pas dépasser les 130 km/h sur l’autoroute et à rouler à droite (chose qui se fait de moins en moins), que je sois CONDAMNEE à payer de 45 à 180 euros d’amende pour avoir roulé à 72 km/h retenus au lieu de 70 ? Je n’ai aucun moyen de vérifier ces données extérieures ; je ne conduis pas le nez sur mon compteur de vitesses, je suis plutôt attentive à ce qui m’entoure, je ne bois pas d'alcool, je ne téléphone PAS au volant. On aurait tout aussi bien pu m’accuser de rouler à 100 km/h, 150 pourquoi pas ? Quelle justification pourrais-je apporter ? A qui m’adresser pour me faire entendre ? Personne. Il n’y a plus personne. Que des automates.
C’est cela, votre conception du progrès socialiste ?
Non, ce n’est PAS normal. C’est inique, odieux, stupide, contre-productif, et tellement arbitraire. Or mon histoire est parfaitement anodine, je vous l’accorde. Ce n’est qu’une goutte d’eau - du genre de celles qui font déborder les vases de la patience - dans un océan d’injustices, d’abus, d’inégalités qui ne fait qu’enfler, au lieu de se résorber comme nous l’avions, nous qui avons voté pour vous, tant espéré.
Bien sûr, Monsieur le Président de la République, vous ne lirez pas cette lettre. Sans doute même, personne ne la lira. C’est dommage. J’aurais bien aimé, une fois dans ma vie, obtenir une petite lueur de compréhension, je rentrais d’un aller-retour chez ma mère malade, Monsieur le Président, il était 6 heures du matin, désolée d’avoir dépassé de cinq kilomètres/heure la vitesse autorisée sur une route à quatre voies déserte, pourrais-je obtenir une remise de peine ?
45 euros si je paie dans les quinze jours. C’est si peu dans votre monde, Monsieur le Président. Mais beaucoup dans le monde réel.
Avec mes salutations citoyennes,
Liliane G.


C/C autant que je le pourrai



Je vous rappelle que le courrier au président de la République normal est dispensé d'affranchissement.

Merci à Frédéric du Frédéblog, un blog Motomag




Remarquable commentaire de Marco:

Le mardi 30 juillet 2013, 15:36 par Marco (93)

Bonjour Liliane, Je relève dans votre lettre que vous demandez :"A qui m’adresser pour me faire entendre ? Personne. Il n’y a plus personne. Que des automates. " Il reste un instance "humaine" qui puisse vous entendre : le tribunal. Contestez la verbalisation et demandez par écrit d'aller vous en expliquer au tribunal compétent. Là, vous serez en face d'un(e) juge et de ses assesseurs. Expliquez-leur de bonne foi les circonstances de cet excès de vitesse qui ne signifie pas que votre conduite puisse être excessive... dîtes-leur avec vos mots que vous n'êtes pas un enjeu de sécurité routière. Le contrôle-sanction-automatisé (CSA) représente pour les juges un déni de leurs fonctions d'origine... Avec le CSA, les juges ne peuvent plus "juger", ils ne sont plus là que pour entériner une procédure administrative, une réglementation. Allez-y, allez leur dire. Car il faudrait que nous soyons plus nombreux à le faire quand nous estimons ces "punitions" injustes et disproportionnées. Quand nous serons des milliers à refuser cet arbitraire qui n'a pas grand-chose à voir avec la sécurité routière, quand nous serons des milliers à contester devant des tribunaux sans se contenter de seulement râler sur des forums, là ça changera. Je l'ai fait à deux reprises ; deux fois j'ai été flashé entre 55 et 60 km/h en sortie d'agglomération, dans des zones industrielles vides, après avoir traversé ces villes de province à 30 km/h en laissant traverser tous les piétons que je voyais, après avoir parcouru des centaines de kilomètres très tranquillement au volant de ma... 2CV ! J'ai expliqué aux juges que je reconnaissais l'infraction tout en refusant la verbalisation... je leur ai dit qu'un tel système est totalement inefficace et même contre-productif pour des individus naturellement soucieux des autres et convaincus d'observer un comportement paisible et courtois sur la route. Par deux fois, j'ai obtenu une dispense de peine, donc pas d'amende... et pas d'amende, pas de retrait de points. Quand les conducteurs se lasseront d'être traités comme des enfants, quand les citoyens seront plus nombreux a demander des comptes dans les tribunaux, les juges (qui sont des citoyens et des conducteurs eux aussi) finiront bien à leur tour par se demander quelle justice l’État leur demande d'administrer... certains commencent déjà à ne plus le supporter. A vous tous qui lisez ce blog et ces commentaires, indignez-vous vous aussi, mais faîtes-en sorte que cette indignation se traduise en action : contestez, défendez-vous... le risque de "perdre" quelques centaines d'Euros n'est rien comparé au constat qu'à ne rien faire, c'est notre Liberté qu'on perd. Méditez cette citation de Benjamin Franklin qui disait il y a déjà plus de 200 ans : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. » Merci Liliane : indignez-vous, protestez et cessons de courber l'échine. Je vous embrasse et vous assurant de toute ma solidarité, Marco

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